Hypnose et Troubles Anxieux

  • Auteur/autrice de la publication :


L’hypnose est une très ancienne technique de thérapie en médecine et en psychothérapie dont on retrouve des éléments dans les procédés de guérison utilisés par les Sumériens 3000 ans avant notre ère.

Elle est associée à un grand nombre de fantasmes, assimilée à un moyen magique de résoudre des problèmes, d’influencer les individus. L’état de transe hypnotique est caractérisé par des signes physiologiques et psychologiques, la modification du rythme cardiaque et respiratoire, un sentiment de paix et de détente. L’attention est focalisée sur une sensation, une image, un son, un mot ou un lieu précis. L’hypnotisé reste conscient et tous ses sens sont en éveil. La transe hypnotique induite par le thérapeute est un moment qui appartient au patient. On parle d’état de conscience modifié où l’imaginaire prend le dessus avec la possibilité de transformer un contexte négatif en quelque chose de positif. Avec ses limites, l’hypnose est un outil thérapeutique entre les mains du patient, une technique où l’hypnotiseur fournit à l’hypnotisé les «outils» pour construire son mieux-être.

L’hypnose dans le traitement des troubles anxieux


Le symptôme primordial des troubles anxieux est le déclenchement par des
situations ou des objets bien précis (externes au sujet) d’une sensation de
peur sans dangerosité actuelle. Son intensité peut varier d’un sentiment d’insécurité à la terreur. Les préoccupations du sujet peuvent être centrées sur des symptômes isolés tels que des palpitations ou une impression d’évanouissement, et aboutissent souvent à une peur de mourir, de perdre le contrôle de soi ou de devenir fou. L’anxiété n’est pas atténuée par le fait de savoir que la situation en question n’est pas considérée comme dangereuse ou menaçante par les autres.
La simple évocation d’une situation phobogène déclenche habituellement une peur anticipative. La peur focalise l’attention du sujet qui ne parvient
plus à prendre de la distance et du recul face à ses craintes. L’espace psychique du sujet est entièrement envahi par l’anxiété.

Abord des troubles anxieux par l’hypnose


L’hypnose peut être utilisée comme une thérapie de soutien visant avant tout la relaxation pour un meilleur contrôle de l’anxiété. Elle est également efficace pour anticiper et contrôler les affects liés à l’événement anxiogène, ou comme technique intégrative d’un vécu traumatique.

Ces différentes utilisations de l’hypnothérapie peuvent être exclusives ou complémentaires.
Pour les troubles anxieux, l’induction lente permet au thérapeute de réconforter le patient sur sa capacité à préserver un contrôle sur ce qui se déroule durant l’induction et de le rassurer en insistant sur le
fait qu’il reste conscient, qu’il est dans un cadre de consultation,
qu’il continue à percevoir tout ce qui l’entoure. Il peut ainsi se détendre en toute sécurité.
Cette forme d’induction est particulièrement utile chez les patients présentant une forte anxiété se manifestant par un état de perpétuel «qui-vive», d’une plus grande nervosité et de réactions de sursaut exagérées.

L’hypnose comme thérapie de soutien pour le contrôle de l’anxiété

L’usage de l’hypnose comme thérapie de soutien pour le contrôle de l’anxiété permet au patient d’avoir un meilleur contrôle sur les symptômes anxieux. Les patients qui souffrent de syndrome de stress post-traumatiques, par exemple, ou les patients ayant vécu des violences dans l’enfance entrent spontanément dans des états dissociatifs similaires
à l’état de transe hypnotique. On peut suggérer au patient qu’il a un talent pour l’hypnose. Il peut utiliser ce talent à son profit. Malgré son mal-être initial, il peut se détendre et vivre une expérience de relâchement, de bien-être dans son corps en toute sécurité. Cette expérience contraste avec son vécu habituel de tension intérieure. La lévitation du bras comme les expériences d’anesthésies ou d’engourdissements d’un doigt ou de la main sont utilisées pour confirmer cette capacité de contrôle sur une partie de sensations qu’il rencontre au travers de son corps. L’hypnose permet de faire vivre au sujet une expérience immédiate de bien-être et de sérénité dans l’ici et maintenant. Ce vécu sensoriel différent renforce la possibilité d’envisager un changement.
La base de la technique hypnotique inclut la relaxation, la possibilité de focaliser son attention sur un lieu sûr ou lieu secure (safe place en anglais) et des suggestions. Durant la première séance, la recherche de ce lieu sûr et relaxant permet d’ouvrir un espace où le patient se sent protégé des pensées intrusives dont il souffre. Cette utilisation élémentaire de l’hypnose aide le patient à se relaxer et à augmenter son sentiment de bien-être. Dans cette optique, l’hypnose est considérée comme une thérapie plutôt palliative que curative.
Les rôles respectifs du thérapeute et du patient évoluent habituellement au cours du traitement, généralement limité à quelques séances. Si, au départ, le patient a souvent une position passive face aux consignes du thérapeute qui le guide par ses suggestions, l’enseignement de techniques d’autohypnose vise à lui permettre d’être rapidement autonome
dans sa pratique. Le thérapeute passe ainsi du statut de guide à celui d’accompagnateur, jusqu’à ce que sa présence ne soit plus nécessaire. L’acquisition de cette capacité à se détendre en rejoignant par la pensée un lieu sécurisant offre au patient une ressource précieuse qui participe
souvent à une restauration du sentiment de sécurité, de confiance en soi mais aussi fréquemment d’estime de soi.
Cette nouvelle ressource peut devenir un moyen efficace de lutter contre l’anxiété.

L’hypnose comme technique pour anticiper et faire face à un évènement.

Dès que le patient a bien investi le traitement hypnotique et établi une relation de confiance avec le thérapeute, l’hypnose peut servir à l’aider à anticiper un événement phobogène.
Une technique consiste à lui suggérer qu’il peut vivre l’événement anxiogène par l’intermédiaire d’un écran de télévision, par exemple, où il voit un film relatant la situation anxiogène En début de séance, on fait tester ce système en lui suggérant qu’il a la télécommande de la vidéo
dans la main et qu’il peut à tout moment arrêter l’image et se retrouver dans un lieu sûr et réconfortant. Le patient raconte alors ce qu’il voit sur l’écran. La relation thérapeutique joue un rôle essentiel dans ce type de travail. Le patient doit se sentir particulièrement en confiance pour parvenir à surmonter son anxiété. Il doit être convaincu que le thérapeute
joue un rôle à la fois protecteur et bienveillant. Le thérapeute ne cherche pas à tout prix à faire imaginer l’événement phobogène. Il aide le patient à pouvoir maîtriser son vécu d’impuissance et de peur qui le hante.

L’hypnose comme technique d’intégration

La technique d’intégration vise à permettre au patient de vivre l’événement anxiogène et les affects qui y sont associés dans un cadre sécurisant. Elle permet de retrouver des éléments oubliés ou réprimés en relation avec le trouble anxieux et de les réintégrer dans le vécu du sujet. La technique d’intégration vise à induire une nouvelle vision de la situation anxiogène et du vécu affectif qui lui est lié.
La confiance que le patient porte au thérapeute lui permet de revivre la situation phobogène différemment. Ce nouveau vécu plus serein va lui permettre d’affronter la situation dans la réalité sans être débordé par ses émotions.

En conclusion

L’hypnose est une technique qui mérite d’être envisagée pour la prise en charge des troubles anxieux .Elle doit être insérée dans un processus thérapeutique qui tienne compte de toutes les répercussions du trouble sur le patient, sa famille et son entourage.

Elle peut donner de très bons résultats si elle est intégrée dans une réflexion et une compréhension globale des mécanismes psychologiques mis en jeu.